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PHYSIQUE BIOMEDICALE • RECHERCHE • CLINIQUE • SCIENTIFIQUE • TRANSMISSION • UNIVERSITE • IMPLANTS • ACOUPHENES • PREHISTOIRE
POR TRAIT
PORTRAIT
À LA RECHERCHE DU
TEMPS GAGNÉ UNIVERSITAIRE
UN JOUR, UNIVERSITAIRE
Dans le cursus de Stéphane Gallégo, tout est étonnant.
Etudiant en traitement du signal, il va, par le hasard des
rencontres avec les professeurs Berger-Vachon et Collet TOUJOURS
devenir un hyper-spécialiste de l’implant cochléaire.
Découvert au cours de ses stages au CHU Edouard Herriot, Fils d’une directrice d’école et d’un employé de France
« le contact patient ne m’a plus lâché ». Le jeune chercheur Telecom, Stéphane Gallégo a grandi avec une certaine idée
décide donc de se former en audioprothèse, parallèlement à du service public et de la transmission, à tous les sens du
sa thèse et à la naissance de son fils : « j’apprenais aux audios terme. Son parcours d’enseignant-chercheur témoigne de
à régler des implants, je me suis dit que ce n’était pas une son engagement dans le développement des connaissances,
mauvaise idée de passer le diplôme ». Son intérêt profond tout comme son implication depuis 2012 dans l’école de
pour ce que les innovations peuvent apporter aux patients Lyon, dont la réputation est allée croissante. On retrouve cet
l’a amené à travailler chez MXM (futur Oticon Medical), où état d'esprit dans la façon dont il dirige ses centres auditifs :
il conduit des travaux sur les implants cochléaires et pour « j’aimerais finir ma carrière dans le développement d’idées
paraplégiques, dépose plusieurs brevets dans le domaine pour optimiser la pratique de l’audioprothèse, je vais céder
de l’ancrage osseux, de l'aide auditive… « Mon patron, sereinement mes parts à mes associés. J’ai formé David
Guy Charvin, était très atypique, il me laissait énormément Colin pour me succéder à l’école de Lyon, il fallait qu’il soit
de libertés. C’était un enrichissement intellectuel permanent, docteur, pour pouvoir être maître de conférences et, un jour,
10 ans à ses côtés valent probablement une carrière dans professeur ». Stéphane Gallégo se considère comme un
une entreprise classique. Il est l’un de mes maîtres. » « prototype » (sic) : il a contribué à former une génération
Parallèlement, Stéphane Gallégo s’est investi dans le monde de jeunes professionnels, diplômés en audioprothèse mais
de l’audioprothèse en promouvant la profession dans les aussi universitaires, à même de prendre la tête des écoles.
congrès ORL. Il a ainsi posé, avec d'autres, les fondations des Et que fait Stéphane Gallégo, à ses heures perdues ? Il
Assises d’audioprothèse. Connu pour sa franchise - « je suis cherche ! Passionné d’histoire, il s’intéresse à l’archéologie
un ancien dyslexique, j’ai appris très tard qu’on pouvait parler des religions, en décryptant l’art pariétal, les liens entre les
pour ne rien dire, on m’appelait l’homme des cavernes » - rites préhistoriques et les monothéismes tels que nous les
il a noué des relations au long cours aussi bien avec des connaissons aujourd’hui.
mentors, comme Lionel Collet et Jean Rouquet, qu’avec des
pairs, qu’il décrit comme des copains de route : Christophe « A terme, nous aurons, en France,
Micheyl, Christian Lorenzi (directeur des études scientifiques
de l’ENS), Arnaud Norena (directeur de recherche CNRS), des thèses en audioprothèse. »
Stéphane Garnier… Il ne conçoit le travail qu’en équipe et
UNE ÂME DE BÂTISSEUR
dans l’échange.
Après 10 ans de recherche et de déplacements chez MXM, Stéphane Gallégo a décidé de se « reconvertir en audioprothésiste ».
Une affirmation amusante sachant qu’il avait obtenu son DE 7 ans plus tôt. En 2005, il s’associe donc avec Jean Rouquet,
Paul Berger et Raphaël Martin à Lyon. « Conjuguer l’audioprothèse, les vacations au CHU et la fac, c’était viable… Et surtout
intéressant ! Cela n’a pas été facile : le salaire divisé par 2, la peur de l’inconnu, la partie commerciale du métier, quel câble
utiliser pour tel appareil… Je suis devenu un audioprothésiste débutant. Rétrospectivement, c’était le bon choix. Mon but n’est
pas de gagner toujours plus d’argent mais de bâtir des choses viables et honnêtes en mettant en place des process. » Le
réseau dont il est actionnaire principal avec Paul Berger, compte désormais 29 centres, principalement en région lyonnaise,
pour 19 audioprothésistes dont 7 associés. Stéphane Gallégo n’a jamais perdu son goût initial pour la relation aux patients : « ce
sont eux qui nous aident à faire avancer les choses, sur les réglages stéréo Cros, les acouphènes, etc. ». Membre de l’Afrepa,
il développe une approche novatrice des acouphènes via une méthode de réglages consistant à rééquilibrer les entrées. Sur
2 jours et demi de présence en centre, il reçoit 40 % d’acouphéniques : « avec la thérapie sonore, on a la possibilité de vraiment
améliorer, en moins d'un mois, le service rendu pour 80 % des patients ».
L’OUÏE MAGAZINE N°96/ MARS 2020 / 29