Page 37 - Bien Vu N°294 - Décembre 2020
P. 37

différences entre les verres. Ce dia-  Krys Group refond ainsi les sites de   provoquer de l’engagement, recueillir de
        gnostic préalable alimente le discours   ses 3 enseignes (Krys, Vision Plus,   la data pour mieux segmenter les clients
        de l’opticien en magasin et fait partie   Lynx) pour promouvoir “un parcours   de chaque magasin et s’adresser à eux
        du rituel de vente”, explique Nicolas   d’achat unifié”. Concrètement, les   de manière personnalisée. Le risque
        Archimbaud.                          clients commandent leurs produits    demeure néanmoins qu’à trop miser
                                             sur le net, se les font livrer à domi-  sur ce lien digital avec les porteurs, les
        “Le digital enrichit                 cile ou en magasin, ont accès à un   opticiens appauvrissent une relation qui
                                                                                  n’a lieu en moyenne qu’une fois tous les
                                             stock unifié (disponibilité dans un,
        la relation en magasin               plusieurs magasins ou en entrepôt)   3 ans et, en quelque sorte, “cassent”
        au lieu de l’appauvrir”              et à leur historique d’achat quel que   toutes les règles du commerce tradi-
                                             soit l’opticien où ils ont acheté leur   tionnel. Pour l’écarter, vous avez donc
        “Le digital nous permet de préparer le   dernier équipement.              tout intérêt à jouer la synergie entre les
        passage en magasin, de personnali-   Autre approche, mais même logique    2 canaux. Autrement dit, à étendre le
        ser le plus possible la relation client   chez Alain Afflelou autour de straté-  magasin au digital tout en misant en
        au moment du contact physique, de    gies “sociales” géolocalisées : aux côtés   point de vente sur l’humain, le conseil, le
        mieux segmenter notre offre et de    des services de prise de rendez-vous   lien social.  Autant de dimensions dont
        mettre en place un vrai suivi indivi-  en magasin sur son site internet et de   le numérique est incapable.  
        dualisé”, ajoute Karim Khouider.     l’achat en ligne de certaines gammes
        Une logique qui conduit progres-     propres, l’enseigne a développé en parte-
        sivement toutes les enseignes à      nariat avec Snapchat un filtre en réalité
        booster leur site pour accroître     virtuelle permettant d’essayer sa col-
        le trafic vers l’ensemble de leurs   lection propre Magic (100 000 partages
        magasins et fidéliser leur clientèle.   en un peu plus d’une semaine). Objectif :
                                     Réservé aux abonnés Bien Vu


                                    Cliquez ici pour vous abonner
                                             “Digitaliser ou mourir ?


                                             Non, c’est faux !”






                                             “Le discours dominant sur la digitalisation n’est pas applicable
                                             à tous les secteurs. Bien sûr, certains réseaux proposent des solutions
                                             de digitalisation à leurs points de vente partenaires ou franchisés
                                             mais l’essence même des commerces de proximité, dont les commerçants
                                             indépendants, c’est justement la… proximité. Or, en “plateformisant”
         Vincent Chabault,                   leurs prestations, ces magasins perdraient le contact avec le client,
         sociologue, maître de conférences à
         l’université Paris Descartes – Sorbonne   qui constitue tout le sel de l’interaction sociale entre le commerçant
         Paris Cité et auteur de l’ouvrage “Eloge   et le consommateur. Même si ces relations sont codifiées avec
         du magasin. Contre l’amazonisation”   des discussions souvent superficielles, badines, banales, elles rythment
         (Gallimard)
                                             le quotidien et constituent des repères sociaux, notamment pour
                                             les personnes isolées ou en manque de contact humain.
        De ce point de vue, les commerces de proximité ont de l’avenir… Sous condition qu’ils fournissent ce dont
        le numérique est incapable : de l’humain, du conseil, du lien social. Ils sont à l’aube d’une revalorisation
        de leur image, dans la lignée du regain de prestige que connaissent les métiers de la cuisine ou de l’artisanat.
        Cette évolution correspond à une attente du marché : à l’ère des avis en ligne et des espaces numériques
        de recommandation (Google, forums, Facebook, etc.), les consommateurs aspirent à la sincérité, à l’authenticité.
        A fortiori quand il s’agit d’un produit que l’on achète pour le porter longtemps, comme dans le cas des lunettes.”

        Retrouver l’intégralité de l’interview sur www.bienvu/les-enjeux/


                                                                                      Décembre 2020 — N° 294 — Bien Vu  37
   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41   42