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Mon parcours                                                              Mes fournisseurs 
        J’ai effectué mon service militaire au service ophtalmologique de l’hôpital     En  verres, je continue à privilégier
        militaire de Metz. Cette expérience a influencé toute ma carrière. J’y ai côtoyé des   Essilor mais travaille aussi avec Hoya,
        ophtalmologistes et compris notre  complémentarité réciproque. J’ai commencé   Novacel et Optiswiss. En montures,
                                                                     e
        par reprendre un magasin de 25m² dans une rue peu commerçante du 3  arron-  mes origines jurassiennes et la de-
        dissement de Lyon. Après 2 agrandissements, il dispose aujourd’hui de 200 m²    mande de nos clients nous incitent
        au sol et 100 m²  à l’étage.                                              à privilégier des marques françaises,
                                                                                  voire européennes. En lentilles, John-
        L’évolution du métier                Ma conception du métier              son et Johnson, Cristalens, Precilens,
        Je crains que l’optique ne soit      Notre métier conjugue la santé, la   Technolens, LAO, Swisslens repré-
        confrontée à des difficultés dans le   technique et la mode. Cette conjonc-  sentent 99 % de nos achats.
        futur. Mais il n’est pas trop tard pour   tion lui donne son intérêt tout parti-
        qu’une majorité d’opticiens se res-  culier. Mais dès qu’une de ces trois   Mon groupement
        saisissent  et conservent  le statut   composantes est moins valorisée, on   Mon magasin principal adhère au
        de  vrais professionnels de la santé   aboutit à une pratique déséquilibrée.  COL (Club Optic Leader) depuis  2008.
        visuelle. C’est, selon moi, la voie du                                    Je me sens très proche de mes collè-
        salut et correspond en outre à l’at-                                      gues et de ses dirigeants.
        tente du public. Il s’agit tout simple-  Opticiens et ophtalmologistes
        ment d’exercer son métier comme      Nos relations, plus professionnalisées depuis ces 20 dernières années, sont da-
        on l’a appris à l’école d’optique.  A     vantage harmonieuses. Chacun a mis de l’eau dans son vin… Avec un Bac+2 ou +3,
        59 ans, j’aime toujours cette profes-  les opticiens ne peuvent pas prétendre rivaliser avec l’expertise de médecins qui
         Cail-
        sion et je suis encore ému quand un   ont à leur actif 10 années d’études et de clinique.
        client revient nous  voir, parfois les
        larmes aux yeux, pour nous dire “je   Mes relations avec les ophtalmologistes
        n’ai jamais vu comme ça”.            Depuis 30 ans, j’ai toujours eu avec eux des relations constructives. Ils m’envoient
         lat
                                             vraie plateforme de formation qui leur est destinée pour l’adaptation des lentilles
        Ophtalmologistes et optométristes    leurs cas difficiles que je m’efforce de régler de A à Z. J’ai créé également une
        Depuis longtemps, les ophtalmo-      de contact. Cela représente beaucoup de travail, certes : je reçois 15 clients par
        logistes manifestent une réticence   jour et passe aussi près de 15 % de mon temps en conférences, formation, visites
        vis-à-vis des optométristes. Ils     de cliniques et d’hôpitaux. Mais un climat de confiance s’est établi.
        ont préféré faire appel aux orthop-
        tistes,  issus  comme  eux  de  la fac   La contactologie                 Vision d’Avenir
        de médecine. Or comme leur niveau    Beaucoup d’opticiens ont délaissé la   En 2012, avec plusieurs  familles
        de salaire s’accroît, les ophtalmo-  contactologie, souvent en raison de   d’opticiens leaders de Lyon (Torrilhon,
        logistes se  tournent progressive-   marges insuffisantes, pour se lancer   Bourdeau,  Debauge…)  nous  avons
        ment vers  les  optométristes, voire   dans l’audio. La contactologie repré-  créé Vision d’Avenir. Objectif ? Reva-
        les opticiens. Aujourd’hui, de nom-  sente 30 % de notre activité et dégage   loriser le métier que la presse, attisée
        breux optométristes intègrent les    une marge brute de 72 %, sachant que   par les réseaux de soins, présentait
        cabinets de consultation, ce que     je vends une prestation. J’ai pour ambi-  comme  une  profession  coutumière
        justifie la qualité de leur formation.  tion de développer encore ce segment.   de l’optimisation de  factures et de
                                                                                  la  fraude.  On  donnait  en  exemple
                                                                                  quelques brebis galeuses pour frap-
        Les menaces pour notre filière                                            per d’anathème  toute une profes-
        On a longtemps craint l’impact négatif de la chirurgie laser pour la myopie sur   sion.  Il s’agissait également de ré-
        notre filière. En dépit des 8 millions d’opérations effectuées, les ventes de lunettes   sister au maximum à l’influence des
        ont continué de croître. En revanche, et c’est ma crainte, une solution chimique ou   réseaux de soins. Malheureusement,
        chirurgicale à la presbytie pourrait menacer notre métier.                nous n’avons pas tous résisté de la
                                                                                  même manière…
        La crise du Covid
        Nous nous sommes référencés comme opticiens d’urgence dès mars. Une dé-
        cision utile, je le crois. Depuis le déconfinement, nous connaissons une activité
        intense. Mais je doute que l’on puisse gommer les 2 mois de confinement.

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