Page 40 - Bien N°297 - Mars 2021
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MON MAGASIN    Initiatives





         Ouvrez l’œil : de la radiologie

         au magasin d’optique





         Ex-manipulatrice en radiologie, Lauriane Fagot a souhaité devenir
         opticienne par goût du contact avec la clientèle. Et par intérêt pour la
         “technique”. Récit d’une reconversion passionnée.



                Le goût des autres, du conseil,   pas vraiment à sa place. “Je ne suis
                de la technique et des objets   restée que 2 mois dans ce premier   à tous les budgets, elle propose une
         de récupération”. Voici comment      magasin…”, reconnaît Lauriane Fagot,   gamme large, avoue une préférence
         Lauriane Fagot, opticienne à Etrelles   qui rebondit en tant que gérante d’un   pour les créateurs français et apprécie
         (35) décrit son rapport au métier    point de vente indépendant.          les matières originales comme le bois
         qu’elle exerce depuis 2019. Jeune pro-                                    et la pierre. “Mes clients peuvent me
         fessionnelle de l’optique, la Bretonne   UNE QUÊTE DE CONVIVIALITÉ        céder leurs anciennes paires et, après
         a pourtant du recul sur sa pratique, en   Durant 5 mois enrichissants, la jeune   les avoir polies et retravaillées, je les
         raison de la première carrière qu’elle   femme poursuit son apprentissage…   recycle sous la forme de secondes
         a menée... Dans un univers qui n’a   Jusqu’au moment où elle apprend,     montures ou de solaires. En échange,
         pas grand-chose en commun avec       par son voisin, qu’un local de 90 m²   j’applique une réduction de 10 % sur la
                                                                                   re
         l’optique. “J’ai travaillé pendant 6 ans   se libère, dans une zone artisanale   1  monture”, précise-t-elle.
         en tant que manipulatrice en radio-  située à quelques encablures de son
         logie, mais le contact humain me     domicile. “Je n’avais pas prévu de me   “POUR BOOSTER MON ACTIVITÉ,
         manquait. Et puis voir des fractures   lancer si rapidement dans l’aventure   JE FAIS POINT RELAIS”
         et des cancers à longueur de jour-   de la création d’entreprise, mais il   Malgré le contexte incertain, dont un
         née… Je ne me sentais pas épanouie”,   s’agissait d’une belle opportunité.   mois de novembre freiné par le second
         confie la jeune femme. Déterminée    D’autant qu’Etrelles, une commune    confinement, l’opticienne est satisfaite
         à se reconvertir, Lauriane Fagot     de 2 500 habitants où sont installées   de ses débuts, avec un panier moyen
         effectue un bilan de compétences :   des grandes sociétés comme Thalès,   en unifocal à 250 € et compris entre
         “Je voulais garder cette approche    n’accueillait pas encore d’opticiens”,   400 et 450 € pour des progressifs.
         technique et paramédicale, tout en   explique-t-elle. Convaincue du poten-  “Pour booster mon activité, je fais éga-
         étant au contact de la clientèle. Je me   tiel du magasin, visible depuis la route   lement point relais. Certes, la réception
         suis dirigée vers un BTS-OL, obtenu   départementale voisine, Lauriane    des colis perturbe parfois mes ventes,
         en 2019, avant de commencer à me     Fagot quitte son poste début 2020    mais ce flux représente finalement
         forger une expérience professionnelle   et envisage une ouverture en juin   un tiers de ma clientèle optique. Et
         dans le secteur”. Débutant sa carrière   avant de la reporter en août, Covid-  puis, mon compagnon, qui n’est pas
         dans une enseigne, elle ne s’y sent   19 oblige. Tenant à rester accessible   opticien, m’aide le samedi à gérer
                                                                                   les réceptions de colis ou à accueil-
                                                                                   lir les clients. Certains viennent pour
                                                                                   un colis et repartent avec un examen
                                                                                   de vue et une ordonnance adaptée”,
                                                                                   poursuit Lauriane Fagot, qui tient à la
                                                                                   nature “chaleureuse” de son magasin.
                                                                                   Pour cela, elle a décoré sa boutique
                                                                                   comme elle le ferait chez elle. “J’aime
                                                                                   les brocantes, la “récup”, même sur
                                                                                   Le Bon Coin. Par exemple, je me sers
                                                                                   des rainures d’un volet de fenêtre pour
                                                                                   présenter certains modèles”, glisse-t-
                                                                                   elle, rieuse. Ravie que sa boutique soit
                                                                                   à son image : sincère et chaleureuse.


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