Page 4 - Bien Vu 286 - Mars 2020

Éditorial
Les leçons du début d’année
Après le mois de janvier “noir” que
la filière dans son ensemble vient
de connaître, beaucoup d’entre
vous gardent un goût amer. C’est
vrai, vous avez, pour la plupart, en- ils ne s’immiscent pas franche-
registré une hausse de vos ventes
au mois de décembre, clôturant
une année de croissance. Mais,
selon un sondage réalisé par nos
confrères d’acuite.fr, vous êtes
près d’un opticien sur 2 à rencon-
trer d’ores et déjà des problèmes
inquiétants de trésorerie. Lors de
la dernière réunion du comité de
suivi de la réforme 100 % Santé,
le 4 février dernier, la Cnam et
l’Assurance maladie complémen-
taire ont reconnu leur responsabi-
lité dans les dysfonctionnements
qui ont entravé votre activité en
magasin depuis le début de l’an-
née. Et, parallèlement, les pou-
voirs publics ont souligné vos
efforts et votre travail accom-
er
pli pour être prêts dès le 1 jan-
vier, date de la mise en place du
100 % Santé. La DSS entend ré-
gler les blocages et met en place
une adresse mail pour collecter
les problèmes rencontrés dans
la prise en charge de vos clients.
C’est bien. Mais très largement
insuffisant. Quelle leçon tirer de
cette séquence catastrophique ?
Les Ocam ont indéniablement la
capacité de bloquer votre activité,
compte tenu de la complexité et de
l’opacité du système de rembour-
sement en France. Et au-delà de
leur fonction initiale de protection
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sociale, via la mutualisation des
risques, et de remboursement, ils
assument l’organisation de l’ac-
cès aux soins optiques. Quand
ment dans la politique tarifaire
des magasins, comme le dénonce
le Rassemblement des opticiens
de France (Rof) dans sa dernière
newsletter.
Comment rétablir l’équilibre entre
acteurs du remboursement et pro-
fessionnels de santé ? C’est bien
la question qui se pose désor-
mais. Les pouvoirs publics doivent
prendre leur responsabilité et dé-
finir un cadre clair du niveau d’in-
tervention des Ocam dans la prise
en charge, tant dans l’intérêt des
opticiens que de leurs clients. Les
semaines qui viennent nous di-
ront dans quel sens ils ont dé-
cidé de faire pencher la balance.
Mais c’est aussi à la profession
dans son ensemble de remettre
l’opticien au cœur du système.
Pour qu’il retrouve sa place cen-
trale dans l’accès aux soins
optiques pour tous les Français.
Pour rappel, sur les 38 506 opti-
ciens en 2019, près de 52 % ont
moins de 35 ans. Ils n’ont donc
connu qu’un marché progressi-
vement dominé par les Ocam et
les réseaux de soins. Cette géné-
ration saura-t-elle mener à bien
la mission de construire un nou-
veau mode d’exercice du métier ?
Marie-Dominique Gasnier