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Mes projets
          Saint-Nom-La-Bretèche                                                   Développer l’optique à domicile. J’ai acquis
          Situé à 25 km à l’ouest de Paris, Saint-Nom-La-Bretèche est une petite   chez Nidek l’équipement adéquat et j’ai
          ville, plutôt un gros bourg, de moins de 5 000 habitants dont la population     l’intention d’y consacrer une demi-journée
          décline depuis 1990. Proche de Saint-Germain-en-Laye, elle borde la forêt de   par semaine. Pour cela, je vais recruter un
          Marly.  Elle doit sa notoriété pour avoir longtemps hébergé le fameux Trophée   salarié. Côté magasin, je vais rénover la
          Lancôme (golf). Avec des habitants dont le niveau de vie est supérieur à la   façade selon la nouvelle charte graphique
          moyenne nationale, la ville n’abrite aucun ophtalmologiste. Sandrine tient le
          seul magasin d’optique de l’agglomération.                              de l’intérieur du magasin. J’ai aussi l’inten-
                                                                                  tion de me mettre au golf, que beaucoup
                                                                                  de mes clients pratiquent.
        Pourquoi opticienne ?                Mon positionnement
        Comme je porte des lunettes depuis   Mon credo : les beaux produits. C’est dans cet esprit que j’ai transformé mon magasin
        l’âge de 3 ans, je connais l’équipe-  en 2018. Mon prix de vente moyen en montures se situe entre 190 et 290 €.
        ment sous toutes les coutures, même
        si, adolescente, je l’ai  vécu comme   Mes clients
        contrainte. Mon beau-frère posturo-  Mon objectif ? Que mes clients passent un bon moment et soient heureux avec leur
        logue m’a incitée à devenir opticienne.   équipement lunettes. Il faut dire que je passe du temps avec chacun en particulier
        Au vu de mon expérience, j’ai eu envie   pour l’analyse du besoin visuel.  C’est ainsi que la confiance se crée et, bien souvent,
        de conseiller les autres afin de dédra-  on finit par se tutoyer. Je ne travaille que sur rendez-vous depuis cette année.
        matiser le port des lunettes. Elles sont
        un révélateur de personnalité. A moi de   Les réseaux de soins            Ma communication locale
        trouver la bonne lunette pour le client.   J’ai décidé en janvier 2020 de ne plus   J’ai créé mon magasin il y a près de
        L’important est également de com-    proposer le tiers-payant et d’abandon-  12 ans et j’ai une certaine notoriété
        prendre le besoin visuel de chacun, ce   ner les réseaux. Cette décision n’a eu   d’autant plus que j’habite dans la com-
        qui me conduit à faire beaucoup d’exa-  aucun impact sur mon CA. Surtout, j’ai   mune. Si j’ai fait beaucoup de publicité
        mens de vue.                         eu le sentiment de retrouver ma liberté   “boîtes aux lettres” lors de ma création,
                                             et ma joie de travailler, même si je fais   je privilégie désormais les réseaux
        Mes fournisseurs                     un peu plus de devis. J’ai l’impression   sociaux, le bouche-à-oreille et les rela-
        En verres, je travaille quasi exclusive-  de remettre le métier au cœur de la   tions régulières avec le milieu médical
        ment avec Hoya. Je suis une des pre-  relation avec mes clients.          de la région (ophtalmologistes, méde-
        mières utilisatrices de Yuniku qui me                                     cins, orthoptistes…).  J’ai  fait appel à
        permet de proposer un équipement sur   Mon implication locale             un prestataire pour créer un site Inter-
        mesure fabriqué en 3D. En montures,   En 2013, j’ai été informée d’un projet de   net simple, ergonomique et  facile à
        mon offre se compose de créateurs,   création d’un centre commercial Super   consulter.
        comme Brett, Nathalie Blanc, Naoned,   U, soutenu par la mairie. En tant que
        etc. J’ai la chance par ailleurs d’avoir   présidente de l’Association des com-  L’évolution du métier
        à  proximité Hughes Poillerat,  artisan   merçants et, avec leur appui, je m’y suis   L’image de l’opticien s’est dégradée
        lunetier (atelier IUGZ) passionné par la   opposée. Je suis intervenue auprès de   dans  l’esprit  du  public,  mais  cela
        lunette. En règle générale, je privilé-  la CDAC (Commission départementale   s’améliore. En partie sans doute
        gie la fabrication française. Toutefois,   d’aménagement commercial) et, grâce   parce  que  le  métier  se  segmente
        selon moi, le “Made In France” manque   à l’ensemble des associations locales,   entre opticiens spécialisés sur un
        de transparence.                     le projet a été abandonné en 2014.   segment  (dont  je  fais  partie),  opti-
                                                                                  ciens généralistes et “discounteurs”.
        Les syndicats d’opticiens                                                 Par ailleurs, avec la crise sanitaire
        En 2018, lors du projet 100 % Santé, j’ai contacté ma députée locale, que j’ai reçue le   actuelle, les consommateurs consi-
        jour même en présence des caméras de France 2. Avant sa visite pour mieux connaître   dèrent l’opticien comme  un profes-
        les détails de la réforme en préparation, j’ai appelé Alain Gerbel, président de la Fnof   sionnel de santé, c’est essentiel.
        (Fédération nationale des opticiens de France) avec qui j’ai eu une longue discussion.
        Aussitôt après, d’ailleurs, j’ai adhéré au syndicat.                      La personne que j’admire le plus
                                                                                  dans notre filière ?
        Si c’était à refaire ?                                                    Christophe Fontvieille. Il a beaucoup
        Franchement, je ne changerais rien. J’aime ce que je fais et c’est grâce à mes expé-  compté  pour  moi  et  ses  formations
        riences passées que je suis devenue ce que je suis aujourd’hui. Et ça me plaît.  m’ont toujours été utiles.

                                                                                        Février 2021 — N° 296 — Bien Vu  53
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