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FOCUS
OPTICIEN DE SANTÉ :
DU CONCEPT AU
PROSÉLYTISME
Née il y a environ 3 ans, l’expression « opticien de
santé » s’est progressivement imposée pour décrire
un professionnel impliqué avant tout dans la santé
visuelle de ses clients, par opposition au « marchand
de lunettes » si souvent décrié par la presse
grand public. C’est l’option aujourd’hui choisie par
plusieurs acteurs de la distribution et de nombreux
indépendants, qui mettent davantage en avant les
compétences et le conseil de leurs adhérents que
les offres promotionnelles. Dans l’objectif d’en faire
le modèle dominant dans le secteur, le Cnof (Collège
national des opticiens de France) a récemment
formalisé ses contours et ses perspectives dans
un livret intitulé « Opticien de santé, un métier
d’avenir », qu’il souhaite diffuser à grande échelle.
Le document de 26 pages met en exergue la persistance des difficultés d’accès
aux soins visuels, avec une démographie des ophtalmologistes toujours sous
tension et une hausse constante des besoins. « Est-il acceptable qu’aujourd’hui,
en France, près de 30 % des besoins visuels ne soient pas couverts ? Ce constat
accablant est pourtant le nôtre, dans la 6 puissance mondiale », questionne
e
d’emblée le Cnof, qui pointe du doigt l’insuffisance du décret de 2016 et plaide
pour une montée en compétence des opticiens et la création rapide de nou-
veaux circuits de prise en charge. Dans cette perspective, l’organisation pro-
pose une nouvelle définition du métier en étendant son champ. Pour le Collège,
l’opticien-lunetier doit être « un professionnel de santé qualifié dont la mission
consiste à améliorer, maintenir, restaurer et protéger la vision de toute personne,
notamment par la fourniture d’un équipement optique ». Il ne s’agit plus seule-
ment de vendre des lunettes et des lentilles, mais aussi d’évaluer et de détermi-
ner les compensations donnant les meilleures capacités visuelles, de réaliser et
d’adapter les équipements, de devenir un “éducateur en santé” impliqué dans
le dépistage et la prévention, le tout en maîtrisant la technologie des montures
et des verres. Cette définition ainsi posée, le Cnof a mené une réflexion ayant
conduit à la rédaction d’un référentiel d’activités et de compétences, piloté par
Eric Lazaridès. Ce référentiel reflète une volonté d’harmonisation avec les autres
professions paramédicales. Il liste 10 activités clés (voir encadré) : à chacune
d’entre elles correspondent des compétences faisant appel à des connaissances
et des acquis d’apprentissage, qui permettront de bâtir un nouveau référentiel de
L'OL [MAG] avril-mai 2020 #739 31