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MES CLIENTS   Interview





         “La force de l’opticien ? Etre le référent en santé visuelle

         des porteurs et l’expérience en magasin qu’il propose”




                                              L’optique, comme tous les secteurs du commerce, fait face
                                              à une crise sans précédent dont personne ne connaît ni l’issue
                                              ni l’impact réel sur les habitudes du consommateur “optique”.
                                              Dans cette situation d’incertitudes, votre reprise passe-t-elle
                                              par un changement radical du parcours client en magasin
                                              ou au contraire par la mise en avant des fondamentaux
                                              de votre métier ? Eléments de réponse avec Maher Kassab,
                                              pdg de Gallileo Business Consulting.
         Maher Kassab, fondateur et pdg
         de Gallileo Business Consulting


          Pour la relation entre l’opticien   ceux qui souhaitent retrouver leurs   veut dire que 11 % seulement utilisent
          et son client, y aura-t-il un avant   habitudes d’achat et le plaisir qu’offre   la possibilité du renouvellement et de
          et un après Covid-19 ?              l’expérience en magasin.             l’adaptation de l’ordonnance directe-
         L’épidémie balaie tous nos repères                                        ment par l’opticien. Cette prérogative
         et nous met tous face à une période    A trop vouloir “digitaliser” sa    prévue par le décret Opticiens de 2016
         d’incertitudes. C’est d’autant plus vrai    relation au consommateur,     est donc largement sous-exploitée. A
         dans nos sociétés occidentales qui ne    l’opticien court-il un risque ?   cela s’ajoute la “pénurie”d’ordonnances
         sont pas habituées à vivre avec une   C’est bien là le problème. A trop déve-  puisque les porteurs ne sont pas allés
         crise sanitaire comme celle provo-   lopper une relation digitale avec son   chez l’ophtalmologiste pendant 2 mois
         quée par le Covid-19. A cela s’ajoute   porteur, l’opticien risque d’accroître sa   et que cela risque de se poursuivre.
         l’anticipation d’une crise économique   pratique du e-commerce en optique
         et sociale profonde, avec l’angoisse   et de le “perdre” progressivement. Ce   “Pour limiter le report d’achat,
         que cela suscite. Personne ne peut   risque est réel déjà dans les 2 catégo-  les opticiens ont tout intérêt
         mesurer tous les effets de cette si-  ries des lentilles et des solaires non cor-  à susciter chez leur client
         tuation inédite sur les habitudes des   rectrices. Il ne faut pas que l’opticien   l’envie d’acheter”
         consommateurs.                       contribue à mettre le pied à l’étrier aux
                                              géants du numérique qui peuvent au   Pour récréer du trafic en magasin, l’op-
           “Attention à une trop grande       niveau mondial devenir les leaders de   ticien peut appeler tous ses clients.
           digitalisation qui reviendrait     tous les secteurs, y compris l’optique.   Toute son énergie doit être tournée vers
          à figer le consommateur dans        La force de l’opticien c’est le contact   cet objectif : convaincre les consom-
          une angoisse du contact avec        physique, le conseil, le choix et l’exper-  mateurs qu’ils peuvent chez lui re-
                    l’opticien”               tise en magasin. Or cette relation ne   nouveler leur équipement (lunettes
                                              s’enrichit qu’une fois tous les 3 ans. Si   ou lentilles) sur la base d’une ordon-
         Mais il est certain qu’elle impose   elle s’appauvrit encore, il sera plus dif-  nance valide et qu’il est le “fil conduc-
         de nous interroger sur ce que sera   ficile de justifier le retour en magasin.   teur” de la santé visuelle. C’est moins
         la relation opticien-client à l’avenir.                                   long, moins coûteux qu’une visite chez
         Doit-on accélérer la “digitalisation” des    Comment recréer le flux en magasin      l’ophtalmologiste et surtout le magasin
         contacts, via des prises de rendez-vous   dans les semaines et mois à venir ?   d’optique est plus sécurisant qu’une
         ou le choix des montures en amont, la   En misant sur ses atouts fondamen-  salle d’attente. Deuxième levier de re-
         multiplication des actes à distance et   taux, principalement sa position de   tour du trafic en magasin : l’envie. Pour
         la livraison à domicile ? En toute hu-  référent en santé visuelle et une ex-  limiter le report d’achat, les opticiens
         milité, je ne le pense pas. Cela revien-  périence enrichie en magasin. Selon   doivent susciter cette envie d’ache-
         drait à figer le consommateur dans   notre Observatoire Gallileo 2019, 89 %   ter, via sa relation de proximité avec le
         une angoisse du contact avec l’opti-  des porteurs achètent leurs lunettes   client, l’attractivité de son magasin, son
         cien, alors même que nombreux sont   avec une primo-prescription. Ce qui   expertise produits et ses conseils.  


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